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5 juillet 2015 7 05 /07 /juillet /2015 06:23
Crédit Photo : www.geotraceur.fr

Crédit Photo : www.geotraceur.fr

J’ai décidé la veille de me lever tôt pour jouer au maximum avec la marée descendante du matin et j’ai donc mis mon réveil à 5h00.

Mais finalement, j’ai les yeux grands ouverts à 4h00 et décide de me lever pour partir dès que les premières lueurs du jour apparaîtront. C’est le seul moyen d’imaginer arriver aujourd’hui avec le retard pris hier. J’ai 65 km à faire pour rejoindre la plage de Royan. Le changement de marée est prévu à 9h00 et il faut absolument que je m’échappe de cet endroit étroit, propice aux effets venturis et courants très forts.

Je pars donc avec un courant favorable qui me permettra de profiter au maximum des paysages. J’ai l’esprit poète ce matin et je comprends aussi le dicton « Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt »… Sûrement des marins qui avaient, comme moi, besoin pour parcourir le monde de s’échapper de certains endroits difficiles et qui pour ça partaient aux premières lueurs du jour. Sans cette ruse, ils n’auraient jamais pu aller plus loin pour découvrir le Monde… Interprétation totalement personnelle bien-sûr !

Le jour est bien là maintenant et comme prévu, le courant s’inverse… Et avec lui la surprise d’un vent portant qui vient maintenant me pousser. Incroyable, car je ne l’attendais pas et entre le fait que je suis près du bord avec un contre-courant qui me favorise un peu et le vent arrière, j’avance pas mal.

Je dépasse la centrale du Blayais et quelques ports inaccessibles par marée basse. Je progresse, mais mes réserves d’eau commencent à baisser sérieusement. Et dans l’estuaire, tout est beaucoup plus loin… J’ai beau voir les falaises de Meschers, qui ressortent très claires au loin devant moi, elles sont à 20 km !

Je passe les différents ports que j’avais marqué sur mon Roadbook en prenant le risque de ne pas essayer de les atteindre car la marée n’est pas assez haute. J’irai au prochain…

Je passé enfin le Chenal de Mortagne lorsque finalement, le vent de Nord-Ouest prévu reprends ses droits et reviens comme hier de face mais très faible. Le courant ne me gène pas encore et je vois un bateau sortir d’un chenal que je n’avais pas marqué dans mon roadbook. Je décide, voyant le vent forcir, d’y entrer pour refaire mes réserves et me reposer.

A l’abris du vent, il fait très chaud. Je sécurise ma planche et vais m’installer sous un platane en observant le vent monter en force au loin. Il va falloir attendre maintenant l’aide du courant pour avancer et je me dis même que je suis peut-être condamné à rester là jusqu’à tard cet après-midi ou même demain matin… Ce serait rageant à 20 km du but.

Après 2h00 de repos et de questionnements sur mon sort, je décide de faire un essai de sortie de ce chenal. Un plaisancier avec qui j’ai discuté un moment me souhaite bonne chance. Je me dis que possiblement, on rediscutera tout à l’heure parce que je n’aurais pas pu partir…

En arrivant dans l’Estuaire, le courant s’est bien inversé pour favoriser ma progression mais le vent de face est fort. 15 nœuds établis avec quelques bonnes rafales. Et pourtant, j’avance sans trop de difficultés car il est bien de face et ne fait pas tourner pas ma planche dans une position inconfortable. Chaque coup de rame est une accroche dans le courant et en prenant régulièrement des amers sur la rive droite du fleuve, je me vois progresser très régulièrement. Je passerai chaque point de mon roadbook avec difficulté cet après-midi, mais je ne flanche pas car je sais que je me rapproche.

Je reste concentré et essaye de jouer avec chaque pointe rocheuse, chaque accélération de courant accessible pour contrer le vent. Je fais fuir de très nombreux prédateurs qui chassent juste à la limite du courant et qui semblent parfois vraiment gros. Probablement des loups, mais je les vois mal car l’eau est marron. En tous cas, ils sont très rapides.

J’arrive enfin à cette falaise blanche que j’ai l’impression de voir depuis ma première heure de rame. Là je me rends compte que des maisons sont creusées à la manière des troglodites dans cette falaise qui semble de craie.

Certains habitations sont magnifiques ! Je suis dans le courant qui est accéléré contre la falaise, j’admire et j’entends d’un coup des applaudissements… Les gens aux balcons me disent que je suis passé dans le Sud-Ouest de ce matin et me demandent si j’arrive vraiment de Toulouse…

Cette situation inattendue contribue à me booster de manière incroyable. Je continue à jouer avec le courant, mais le vent est de plus en plus fort. 2 trimarans légers se tirent la bourre et remontent vers Saint Georges De Didonne alors que je continue d’admirer les criques qui se succèdent à ma droite.

Je vois un zodiac s’approcher de moi avec plusieurs élèves d’une école de voile. Ils viennent à ma rencontre et m’applaudissent en m’expliquant qu’ils attendaient mon passage suite à l’article paru ce matin. Je trouve ça génial et suis très touché par cette attention.

J’arrive enfin à la dernière pointe avant la baie de Saint Georges ou je trouve Benoit et sa femme qui applaudissent eux aussi à mon passage. Benoit, lui, à trouvé les infos de mon Trek sur le site de mon sponsor Planche GONGSUP. Il prend quelques photos au téléobjectif qu’il m’enverra plus tard et que je publie dans cet article.

Je traverse la baie de Saint Georges au moment ou le vent est le plus fort cet après-midi. Je ne lâche pas, mais je commence à vraiment fatiguer. Après la pointe il me restera à traverser la baie de Royan avant de toucher la plage…

Je décide de faire un dernier arrêt pour reprendre mon souffle au port de Saint Georges de Didonne avant de terminer ces 3 km. Là, je fais connaissance avec Benoit et sa femme. Nous discutons un moment et je regonfle mes batteries grâce aux encouragements et bravos de quelques touristes et locaux, étonnés de savoir que je viens de Toulouse sur ma planche.

Tous sont bienveillants et les locaux m’indiquent le passage le plus favorable pour passer la pointe en sortie de port.

Je mettrais 50mn pour faire ces 3 derniers km avec un vent et une houle passés de travers et au milieu d’une baie traversée par les kites et planches à voiles et plaisanciers.

Je touche la plage à 19h44 ce 26 juin, très heureux de cette course, mais aussi de retrouver les miens… Le combat attendu était bien là et je préfère car cela à contribué à rendre l’aventure vraiment belle… Pari réussi !

12h20 de rame et 65,1 km + 2h00 d’arrêts.

Crédit Photo : Benoit Dange

Crédit Photo : Benoit Dange

Crédit Photo : Benoit Dange

Crédit Photo : Benoit Dange

Crédit Photo : Benoit Dange

Crédit Photo : Benoit Dange

Arrivée à Royan - Crédit Photo : Benoit Dange

Arrivée à Royan - Crédit Photo : Benoit Dange

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commentaires

B
super retour d experience!! merci Jp pour toute cette aventure ; voir que l on peut voyager en sup ouvre de grandes perspectives!!
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B
Oui ! Les perspectives sont immenses et il n'y a pas besoin d'aller très loin pour trouver de beaux terrains de jeu...